L’an dernier, l’Adéus animait le « diagnostic en marchant » de Gestion Urbaine de Proximité à Lodève. Elus et techniciens exprimaient largement leurs craintes de voir la ville « sortir » de la Politique de la Ville, alors même que la pauvreté du territoire lui valait d’être classé en à la fois en Zone Urbaine Sensible (ZUS) et… en Zone de Redynamisation Rurale (ZRR)! Mais c’est cette géographie prioritaire qui permettait à la ville de maintenir un grand pan de son action sociale, d’où les craintes d’en être « exclue ».
A lire donc sur Médiapart:
A Lodève, une politique de la Ville, à la campagne
« La séquence politique des municipales s’ouvre partout en France. Mon point de vue de directeur d’école de la petite ville de Lodève m’a permis de percevoir les tensions dans la ville et les énergies mobilisables pour dépasser ces tensions et de connaître le quotidien des habitants. En tant que citoyen, il me semble évident de poursuivre autrement mes engagements que les lecteurs de Mediapart connaissent, en participant à un projet pour la ville qui indique une nouvelle direction aux territoires péri-urbains.
Si la liste des villes soutenues par le Ministère délégué à la Ville est encore en élaboration, on ne peut être que satisfait des premières intentions du Ministre, François Lamy. Avec le seul critère de la pauvreté, le ministre fait un pas important vers une autre égalité des territoires, qu’ils soient urbains ou périurbains.
Il était temps de rompre l’idée que pauvreté ne rimait qu’avec « Grands Ensembles ». Aujourd’hui, la réalité de la pauvreté doit être appréhendée au travers de nouvelles dimensions, jusque là aveugle à nos yeux (consultez la carte de France de la pauvreté en parcelle de 200m x 200m). Le premier à avoir guidé notre regard est Raymond Depardon. Les photos de la France de Raymond Depardon, « la France des sous-préfectures », sonnaient en 2010 comme une alerte du vote Front national de 2012. C’est la France de la péri-urbanité qui a porté le vote FN quand ce vote chutait dans les grandes villes au dynamisme économique fort. L’histoire de la Ville de Lodève, logée au pied du Larzac, est le reflet de celles d’autres petites villes. Elle était un angle mort de la politique française dans lequel le Front nationale s’est développé.
Après la fermeture, une à une, de toutes les grandes entreprises du territoire (DIM, COGEMA…), Lodève s’est sorti des problématiques d’accueil ou de relogements successifs des populations rapatriées ou des masses ouvrières de l’ancienne COGEMA. La cité SONACOTRA et les barres HLM ont été rasées au bénéfice de logements sociaux plus diffus, reconstruits ou rénovés. Lodève tente aussi d’oublier des années noires où le climat social de la ville était parfois tendu. Fort heureusement, les visiteurs actuels du Musée de Lodève n’auraient plus l’idée de comparer notre charmante sous-préfecture aux « banlieues chaudes » des grandes métropoles. »