Les récentes études du Céreq sur l’évaluation de dispositifs de lutte contre le décrochage scolaire viennent éclairer les enjeux de l’action publique.
Elles font émerger au moins trois points sur lesquels il conviendrait d’agir.
Le processus multidimensionnel du décrochage scolaire
Le parcours des décrocheurs est marqué par une multiplication des ruptures (sociales, familiales) et une désaffiliation scolaire progressive. Celle-ci se traduit par des difficultés d’apprentissage non résolues, et des sanctions disciplinaires fréquentes au collège. Le maintien du lien avec ces jeunes en difficulté et leur famille est un enjeu important de la lutte contre le décrochage scolaire. En effet, avant la rupture, 2 jeunes sur 3 sont reçus par le chef d’établissement et 1 sur 3 par un conseiller d’une mission locale. Après la rupture, les proportions s’inversent. Le décrochage touche particulièrement la filière professionnelle, y compris les formations par alternance pour lesquelles une expérimentation a montré que le tutorat divise par 6 le risque d’abandon de l’apprentissage 2.
Les coopérations interinstitutionnelles et interprofessionnelles
Les expérimentations sociales ont réellement amorcé le décloisonnement institutionnel. Il demeure fragile, soumis aux difficultés d’articulation des politiques nationales et locales et à la difficulté de « faire ensemble » à partir de cultures professionnelles distinctes. Les coordinations les plus bénéfiques sont celles qui parviennent à s’outiller (portail local commun de repérage et de suivi des jeunes par exemple) et à se professionnaliser pour renforcer la sécurisation des parcours et pour une prise en charge globale de la personne et de son environnement. Toutefois, les familles, dont le rôle est de plus en plus reconnu sur le terrain de l’orientation, sont encore rarement considérées comme des acteurs pour trouver une solution au décrochage.
L’adaptation des actions aux spécificités des territoires
La mise en regard de la cartographie des risques de décrochage avec celle des jeunes de moins de 24 ans non diplômés et non scolarisés met en exergue des territoires sensibles aux abandons précoces de la scolarité. C’est le cas de nombreux cantons péri-urbains ou ruraux, qui, de fait, ne sont pas enregistrés comme zone urbaine sensible (Zus). Cette cartographie invite à une action publique adaptée à chaque territoire.